De loin en loin: la ville de Curitiba face au défi écologique.

Curitiba, dans la province de Parana, est l’exemple que les pays émergents pris dans la dynamique du développement, se sont saisis de la problématique écologique; avec parfois plus de volonté que les pays du Nord, en comparaison des moyens dont ils disposent. Curitiba a connu en 25 ans une explosion démographique, passant de 150.000 à près de 1.8 millions d’habitants en 2005. Face à cette frénésie, le maire, Jaime Lerner (un ancien architecte) a imaginé un plan d’urbanisme cohérent et efficient, avec en ligne de mire: le souci écologique.

La ville a commencé par mettre l’accent sur les espaces verts: 33 parcs et jardins ont ainsi été créés. Cela équivaut à 51m2 de verdure pour un habitant (l’Onu en recommande 16m2 et les Parisiens ne disposent que de 3m2). Par-delà ce volet d’aménagement du territoire urbain, la ville mène des grandes campagnes de recyclage, contre le gaspillage et a notamment mis au point le système “cambio verde” qui incite les citadins à amener leurs déchets triés jusqu’à des camions qui assurent le ramassage, contre des paniers d’aliments (4 kilos de déchets triés contre 1 kilo de fruits et légumes). Ainsi, ce sont plus de 800 tonnes de nourriture qui sont distribuées par an. La ville entend sensibiliser sa population et pour cela, les équipes municipales – sous l’impulsion volontariste du maire – mènent des actions pédagogiques sur le développement durable auprès des enfants, directement dans les établissements scolaires. L’Université Libre de l’Environnement est aussi sortie de terre, toujours pour proposer de nouvelles solutions durables pour une ville en perpétuelle mutation urbanistique, démographique et économique (à noter que les fondations de la l’université reposent sur des poteaux d’anciennes cabines téléphoniques de la ville).

Dirigeons-nous vers le grand chantier de Curitiba. La municipalité s’est concentrée sur le réseau de transports en commun. Elle a doté la ville et sa périphérie de nombreuses lignes de bus, avec un tarif unique “social” quel que soit le lieu où l’on se rende. Et, ce sont plus de 60% des habitants qui sont exonérés de ce ticket social (les personnes de plus de 60 ans, les personnes ayant un problème de santé…). Plus de 80% des contribuables utilisent les transports en commun quotidiennement. Le réseau est vieillissant, Curitiba est donc placée face à un nouveau défi: le renouvellement de son parc de bus. La municipalité a pour cela une rare énergie créative. Les bus qui ne peuvent plus répondre aux exigences en termes de qualité écologique, sont transformés en salles de classe, en bibliothèques (les “phares du savoir”). Prochaine étape: des transports en commun qui n’auraient recours qu’à des biocarburants…

Eh oui, il ne faut pas oublier que ce joli conte de fée écologique se déroule au Brésil, un pays où les favelas pullulent et où une grande partie de la population vit dans une situation de grande misère. C’est bien le courage politique de son maire face à la fatalité de la pauvreté qui dresse Curitiba au premier plan des modèles en matière d’écologie et de lutte contre l’impact des sociétés humaines sur leur environnement. L’écologie peut exister en dehors des subventions, des exonérations, des incitations financières… Le premier besoin de l’écologie: la volonté. Une belle leçon de morale écologique.

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